Septembre

Samedi 3 septembre, 23h30
Chaleur accablante atténuée par le ventilo.Les Etats-Unis subissent, sur une surface équivalent une demie France, les conséquences dramatiques de la dévastatrice Katrina : cyclone dévoilant les graves faiblesses du pays le plus puissant. Les images de jungle urbaine, de population tiers mondisées, de réactions dérisoires des autorités, pourraient renforcer les extrémistes anti-américains dans leur inatteignable victoire contre le Grand Satan. Le cocasse absolu : un Fidel Castro proposant une aide (médicale, je crois) à l’administration Bush… qui l’accepte ! Jamais aucun romancier n’aurait pu songer à une si extravagante situation.
Finalement l’aventureuse expédition en Irak n’est-elle pas en train de vider le pays de sa substance financière et logistique ? Imaginons une attaque surprise de masse d’une puissance étrangère (étatique ou plus sûrement nébuleuse terroriste) sur le sol américain. Comment rapatrier efficacement les forces militaires concentrées loin du pays qu’elles sont censées défendre ? Espérons que cela n’arrive jamais, sinon l’Europe deviendrait alors première dans la ligne de mire des apprentis destructeurs de la civilisation occidentale.
L’implication des grands médias français dans l’image que doit donner notre pays à son grand allier les oblige à occulter les très nombreuses réactions de satisfaction des haineux de l’Amérique (que l’on peut aussi qualifier de complaisants pour les tarés de l’islamisme) présents sur notre sol.
Notre pays, si attentif à réprimer les manifestations de racisme et d’antisémitisme, devrait se doter d’un arsenal juridique et judiciaire (notamment par l’expulsion ou l’emprisonnement) de tous ceux qui s’adonnent à l’éloge ou l’admiration passive de nos ennemis civilisationnels. Hitler c’est de l’histoire, alors que là c’est l’urgence de la survie présente. Notre capacité d’accueil ne doit pas constituer le premier jalon de notre destruction.
Le terrain politique français qui devait tonner de l’étripement larvé entre Sarkozy et de Villepin vient brusquement d’adopter la mine grave des émotions quasi consensuelles : notre président est hospitalisé au Val de Grâce pour une semaine après un « petit » (insistent les médias) accident vasculaire qui lui a brouillé la vue. L’hôpital militaire accueille périodiquement Heïm pour divers examens : il serait amusant de les savoir tous deux sous le même toit !

Samedi 10 septembre
A la veille du quatrième sombre anniversaire de l’hyperterrorisme. Les terres rouges de Lions m’accueillent. Les voix féminines assurent le minimum musical. Le 11 septembre écologique stigmatise les Etats-Unis dans leurs failles de développement. Serait-ce le fédéralisme qui paralyse la réactivité adéquate, qui englue toute action d’envergure ? Serait-ce la ségrégation larvée qui a retenu le déferlement des gros moyens pour sauver les rescapés du fléau ? Serait-ce le signe d’une superpuissance anémiée par ses engagements extérieurs, incapable d’une saine gestion intra muros par temps de messianisme à la sauce Bush ? La cohorte des occupants du cloaque pétrifie : similitude avec les aires depuis longtemps abandonnées à leur chaos.
L’affliction demeure localisée à son environnement immédiat : le ludique qui se déchaîne ici, en zone pour l’instant préservée, ne peut occulter les corps gonflés flottants, charognes improvisées laissées au hasard des artères submergées, le temps des vivants à évacuer n’étant point achevé.
Le superflu, à côté, mais si troublant, c’est une vue plongeante sur un pied féminin délicieusement chaussé. Du pointu cuir blanc entouré d’un simili dentelle d’albâtre derrière lequel se dessinent les orteils mignons. Les envolées lyriques autour d’une finesse de peau, d’un grain velouté, valent tous les drames cataclysmiques. Pour le meilleur de l’incarnation des délicatesses de ce monde, ce pied méritait le piédestal du charme.
Série de mélodies à boire pour nourrir les hôtes enivrés. A chaque fois, l’hymne de 98, le moisi I will survive, tisse la communion d’une soirée, avant de se klaxonner, de s’insulter et de s’écraser sitôt engoncé dans sa taule roulante. Pas à une contradiction près le convive déconfit. Ondulations et strangulations se cumulent sans pudeur. Et les islamistes fustigent nos affalements barbares. L’éradication jumelée des populations et de leurs mœurs fétides s’accomplit.

Jeudi 15 septembre
Journée estivale au parc de la Tête d’Or pour, certainement, la dernière pause en semaine de l’été. Une mise à profit de cette douceur ensoleillée pour corriger les reliquats de divers groupes en formation.
L’actualité ronronne du sociopolitique intérieur et de l’après catastrophe de la Nouvelle-Orléans. Chirac expérimente la convalescence au planning allégé, laissant le bellâtre de Villepin représenter la France à l’ONU pour le soixantième anniversaire de sa création. Opportune consécration de circonstances pour celui qui a fait vibrer le Conseil de sécurité lors de l’opposition au coup de force américain en Irak.
Au café du musée, à la Cité internationale, un gars allumé sur un banc se lève, périodiquement, pour pousser quelques gueulantes dans le vide. Discours incohérent duquel, finalement, je me rapproche parfois. Le déjanté a eu toutefois la lucidité pour attraper son bus à temps.
Que peut valoir un témoignage écrit lorsqu’on l’ampute de l’indicible, du plus secret, de ce qui formerait la facette malsaine, donc attractive, du diariste ? Une telle transparence ne s’admet que dans le roman ou l’œuvre posthume de mémoire.
Changement de décor : sur un banc qui borde l’allée du parc, le défilé des coureurs s’égrène avec toute la diversité des souffles, des mouvements, des mines… voilà bien un sport que je ne pratique pas. La course à pied m’emmerde au plus haut point, et je ne crois pas à sa vertu physique. Mes quarante minutes de marche quotidienne m’apportent bien plus. Cet acharnement à pousser son corps jusqu’à la défaillance anéantit tout attrait, si ce n’est pour croquer quelques portraits cocasses.
Par exemple le bellâtre musculeux qui vient de passer pour la seconde fois : un physique de membre du GIGN avec le maillot culotte intégré, qui veut en mettre plein la vue de ses collègues. La femme aux yeux clairs dont la course en solitaire accentue le regard interrogateur. La silhouette parfaite d’une demoiselle qui peut largement se dispenser de ces agitations (à moins qu’elles en soient la source). La majorité suit le même sens, comme un parcours obligé, mais quelques récalcitrants retiennent l’inverse pour multiplier les croisements. La jeunette aux vêtements amples, pantalon synthétique dont les jambes font un son de crissement.
A une trentaine de mètres dans deux directions différentes : un écureuil maître du saut de branche en branche, un autre aux aguets dans l’herbe. Trois fois pour l’archétype du GIGN ! Tous ces gens qui s’épuisent sans raison rationnelle, ça me suggère un bâillement. Là, à dix mètres de l’écureuil réactif à la moindre secousse suspecte. Le p’tit gars, plus tout jeune, nageant dans un tee-shirt trop large, trop long, et poursuivant l’effort avec un rictus ravagé. La jeune femme, ustensiles pro au côté (petite gourde, pochon de sucreries, etc.) qui conservent son rythme comme un bien précieux. Que tout ce beau monde s’épuise, moi je me détends en attendant ma BB.
Petite toile ce soir pour suivre les aventures du « bon bout de la raison », celle de Rouletabille bien sûr : après la chambre jaune télédiffusée hier soir, la dame en noir va nous révéler la face inavouable du reporter.
Et de quatre pour le commando gendarme en solitaire… Le style inverse : deux braves dames qui devraient mieux marcher tant la lenteur et la modestie des pas laissent supposer l’incapacité pédestre. Le jogging : course vaine pour se purger des malfaisances de la vie urbaine.
Du remplissage pour rien tout cela ? Pas pour la gloriole, la rémunération ou l’utilitaire : un semblant d’existence pseudo artistique à l’image de cette flopée de pseudo athlètes. Rien de bien sérieux donc. Quelques illusions d’être lu sur la toile d’Internet… en réalité du pas grand-chose… Le factice de toutes ces vies qui s’agrègent autour d’une improbable santé préservée voire améliorée.

Dimanche 25 septembre, 22h35
Nouveau relâchement dans ce suivi, alors que mes activités d’écriture s’éparpillent. Avec Internet depuis quelques mois, un petit site, intitulé Indignation, présente quelques extraits de mon Journal habillés en articles indignés sur divers sujets. Plus récemment un autre site, sur le même modèle de base, baptisé Journal réfractaire, donne place au diariste 1991. Une façon de sortir très timidement de l’état manuscrit pour ces pages, mais rien de transcendant pour la quantité de lecteurs. Dernière initiative, pour cumuler davantage de pages, l’ouverture d’un blog, Loïc Decrauze en verve, qui reprend le contenu effacé, par manque de place, sur les deux sites évoqués.
Très factuel out ça, et bien fade de style, mais nécessaire jalonnement d’une vie somme toute très calme. Intérêt propre de garder trace des événements ayant marqué ma modeste existence. Ouh ! que tout cela est mauvais… aucun enclin à écrire, pas d’inspiration, aucune envolée… Fade, fade !
Ce n’est pas avec cet avachissement artistique que je pourrais poursuivre la rédaction du récit inspiré de mon Gâchis 91-99. J’ai redécouvert le travail effectué ce qui m’a redonné l’envie de ce projet.
Semaine de vraie rentrée professionnelle pour Cqfd, avec une intensité maximale du 10 octobre à début décembre. Présence des aspirants lieutenants qu’il faudra préparer sans relâche.
Quoi d’autre ? Emma et François semblent avoir trouvé une maison à acheter dans un patelin rural, Elo a rompu avec Ivan, Liselle a quitté Châlon-sur-Saône, Michelle ma cousine a mis au monde son deuxième enfant (dans le désordre tout ça), Joëlle semble atteinte de dépression et ne souhaite toujours pas nous voir (dernière entrevue pour le passage à la nouvelle année)…
Côté actualité, l’international domine avec le déchaînement de dame Nature contre les Etats-Unis : les intégristes musulmans trouveront toute satisfaction dans ce signe prétendu divin… Position à mépriser et à combattre. Les points chauds du globe s’entretiennent au sang des sacrifiés : Irak, Israël et Palestine, Afghanistan, Afrique pour partie, Amérique du Sud partiellement…
Revu ce soir avec plaisir Le Placard qui campe avec finesse comique les travers de notre univers professionnel dans l’alchimie humaine nécessaire mais truffée de ratés.
Avec mes binocles sur le nez, je ne parviens pas à faire décoller la plume. Ne pas insister et s’éclipser.
Un an et deux mois que le Manus XIII est ouvert. Bien poussif.

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